billet nocturne de confinement
Au travers des vitres brisées – et réparées (provisoirement) au scotch – de la véranda, je revois les étoiles. La grande ville, ça te fait presque oublier la nuit, la pleine, celle qui scintille.
J’ai choisi de vivre le confinement seul, en compagnie de mes deux félins, dans une maison avec jardin, au sein d’une ville moins grande, moins lumineuse, moins agitée, moins tout. Et tous ces moins, ça me redonne l’envie d’écrire.
Écrire quand vient le soir, la nuit, la lune et les étoiles. Écrire sans le bruit des derniers avions, des sirènes et des voitures sur le périph. Écrire avec le silence qui effraie un peu, tant on est habitué à la ville – la grande, celle qui te fait presque oublier la nuit.
Écrire pour éviter de penser à la solitude, aux angoisses, aux mouvements des chats et aux grincements du parquet qui te font sursauter parfois. Écrire afin de retrouver quelque chose, quelqu’un : un ami laissé sans nouvelles depuis près de trois mois.
Trois mois que je n’ai pas repris le clavier. Trois mois sans document ouvert. Trois mois d’absence de mots, de phrases, de caractères, d’erreurs, de corrections.
Trois mois sans écrire, c’est long. Et je crois que c’est en partie à cause des nuits sans étoiles. Parce qu’au début, je les trouvais belles ces nuits-là. Elles ont quelque chose de fort et d’intense. L’immensité totale ; le noir quasi complet.
Puis, cet été, je suis sorti de la ville – ça ne m’était pas arrivé depuis longtemps – et je l’ai revu ce ciel étoilé. Depuis, impossible d’écrire. Comme si j’avais réalisé qu’il y avait un grand vide au-dessus de ma tête.
Tête qui ce soir reprend l’écriture alors que les étoiles scintillent au travers des vitres brisées – et réparées (provisoirement) au scotch – de la véranda.
Ce mot, c’est un début, un essai, et le premier d’une série de billets nocturnes de confinement.
En mars/avril/mai, j’ai écrit presque tous les jours (voir le Journal de confiné.e.s), et ça m’a beaucoup aidé. Je veux retrouver cette effervescence. Alors, je me lance.
La nuit comme compagne, le clavier comme ami et l’insomnie comme excuse.
À la nuit prochaine,
Tim.
Billet n°1
Nuit du 6 au 7 novembre 2020