©TimothéeCueff

Cette nuit, le rouge de la tapisserie me brûle les yeux
et je ne vois aucune étoile dans le ciel.

J’imagine un monde où le confinement serait une habitude. Presque comme si être confiné devenait un statut qu’on afficherait sur les réseaux sociaux ; comme un état d’âme, de pensée, de vie.

J’imagine un monde où le digital remplacerait la moindre interaction sociale. Où il suffirait de s’envoyer quelques mots via messagerie pour ensuite recevoir un contrat de mariage par mail – signature électronique faisant foi.

J’imagine un monde dans lequel on n’aurait plus franchement à se soucier de ce qu’on porte. Plus besoin de se laver, de se maquiller, de s’apprêter pour un rendez-vous important.

Nos voix, en revanche, devraient être travaillées, entrainées, surentrainées afin de porter nos idées.
Tout passerait par ça : nos voix. Douces, calmes, rauques, du matin, enjouées, enthousiastes, en colère, aiguës, graves, criées. Les murmures n’existeraient plus (on les entend déjà trop mal).

J’imagine un monde où la définition de vivre adopterait l’exemple : « On fait un visio-apéro ? »

J’imagine un monde où la distance ne signifierait plus rien tant elle serait si évidente.

J’imagine un monde couvert de voix que personne ne réussirait à entendre sans micro activé.

J’imagine un monde que je n’ai pas besoin d’imaginer.

À la nuit prochaine,
Tim.


Billet n°3
Nuit du 8 au 9 novembre 2020

Derrière cet article se trouve Timothée Cueff, auteur et poète slameur aux envies d’aventures. Depuis 2023, il parcourt la France et l’Europe en quête de poésie, à bord de son van aménagé, irys.

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