promesse de crachat littéraire
Il y a des matins — ou plutôt des débuts d’après-midi — où tu te réveilles et tu te dis : « J’ai envie de faire un truc fou. » Et alors, ça te descend jusque dans le bout des doigts. Ça fait craquer tes phalanges. Et ça t’amène à taper à une vitesse folle sur ton clavier d’ordinateur. Tu cherches. Tu cherches. Et tu trouves tout un tas d’informations qui te font penser : « Ouais, ça y est. Je vais le faire, ce truc fou. » Désormais, ton cœur tambourine dans le fond ta poitrine. Tu as envie de crier, de pleurer. Parce que c’est flippant ce que tu t’apprêtes à faire. Parce que tu n’as jamais fait ça. Tu es toujours resté cloisonné dans ton petit monde, confortablement allongé dans ton lit, en attendant que la vie te passe dessus. Et elle t’est passée dessus la vie. Elle t’a aplati de son rouleau compresseur et maintenant, tu es là, à te dire que tu en as marre de te faire marcher dessus sans pouvoir te relever et marcher à ton tour.
Et à mesure que ton corps tremble sous le stress, ton cerveau se persuade que l’idée est excellente. Parler. Gueuler ce que tu as toujours voulu dire. Tu connais le truc sur le bout des doigts. Tu as juste à te lancer. À monter sur scène et à cracher ce texte que tu as mis des semaines à perfectionner.
Et ça, tu le feras pour toi. Mais aussi pour elles. Pour ces personnes qui te soutiennent, qui comprennent et qui ont toujours accepté. Et un peu pour lui. Pour la fierté que tu liras peut-être dans ses yeux. Parce qu’elles sont multiples les raisons. Prouver à toi-même que tu peux le faire, que tu es assez courageux pour ça. Les subjuguer à coups de mots bien prononcés. Et l’époustoufler. L’épater de loin, depuis cette scène sur laquelle tu t’es poussé à monter.
Alors tu répètes. Ça embellit tes rêves, capture tes nuits, prend possession de tes songes. C’est la peur d’échouer qui fait fonctionner les rouages rouillés qui tournent au fond de tes entrailles.
On invite les copain.e.s. On prévient. On fait passer le mot. Et on s’inquiète de ne pas réussir à en gueuler un seul. De rester là, stoïque, face à une foule hétéroclite. Mais on va le faire. On va déballer. Déballe. Déballe. Jusqu’à ce que ta langue s’emballe. Se lie et se délie pour cracher ce que tu t’es promis…
On est à cinq jours de l’évènement. C’est l’avant-goût du tonnerre qui approche. Et j’écris ce flottement pour vous montrer la terreur qui traverse le corps, qui circule dans le sang pour venir hydrater un cœur qui n’a plus qu’une chose en tête : slamer ses tripes sur scène ouverte.
Création originale. Tous droits réservés. ©Timothée Cueff
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