j’ai soufflé sur ton nom, roman n°2
ENFIn : LE roman n°2
Après Les Pieds dans l’eau — premier roman court paru aux éditions Lunatique, je reviens avec j’ai soufflé sur ton nom.
C’est très vite devenu une marque de fabrique : composer des fictions contemporaines, ancrées dans un ailleurs — pas vraiment de ce monde, mais pas hors du monde non plus. Jouer sur le doute, sans entrer dans le fantastique. Laisser l’imaginaire rythmé le récit, sans qu’il ne prenne le pas sur l’intrigue.
Car, finalement, ce qui compte, dans mon écriture, ce ne n’est jamais l’histoire, mais toujours les personnages.
Dans j’ai soufflé sur ton nom, comme dans Les Pieds dans l’eau, les personnages viennent, disparaissent, puis reviennent. On les croise, de rues en ruelles ; on fait leur connaissance, sans jamais vraiment savoir qui iels sont.
Premier roman de la collection contemporaine La Clandestine, j’ai soufflé sur ton nom introduit, chez Lézard des Mots, une voix dissidente — user de l’imaginaire pour lutter, dénoncer, se faire entendre.
Sous couvert d’une bataille plus grande que tout le reste, j’ai soufflé sur ton nom discute ce que cela signifie “lutter”. Quand tout est sur le point de se terminer, est-ce vraiment utile ? Peut-on agir, réagir, lorsque l’on sait que la fin approche ? Peut-on s’accrocher à l’espoir ? Et si l’espoir ne vient pas, que nous reste-t-il ? Le silence, peut-être.
Illustration de la couverture par Chloé Keste.
« Le silence était un monstre depuis toujours. »
Extrait n°1
Un soupir se fond dans le Vent.
Tsuga croise les pattes, tend son dos, s’assied sur une pierre. Des plus hautes cimes s’élève une nuée d’oiseaux aux becs croisés. Dans l’air, on claque, on crie, on s’agite. Les sons dévalent la falaise jusqu’à la ville, inondent les pavés, rebondissent jusqu’aux oreilles des Dealins et des Dealines. Comme un loup sur son rocher, Tsuga écoute. Il est l’alpha de la colline ; le dominant de la forêt.
J’ose une tendresse sur son visage. Tsuga referme ses grands yeux verts. Le paysage, il le connaît. La colline respire en lui. Le calcaire de la roche entoure ses os et la forêt prospère au cœur de ses poumons. Les hématomes, dont son corps est taché, sont des lacs, des rochers, des versants de montagnes ensoleillés. Comme le bois qui s’embrase dans les foyers en hiver, Tsuga s’enflamme. Mais sous les brûlures, le froid demeure.
Extrait n°2
¦ La petite court. Elle s’essouffle sous une nuit bruyante et noire. Dans ses bras, un bocal rempli de lumière et de morceaux de verre. Si tu courais, le Vent ne pourrait pas te rattraper. S’il ne t’attrapait pas, tout irait bien. La fillette s’engage dans une rue. Volets cassés et vitres brisées. Portes qui claquent et qui s’ouvrent. Les fantômes soulèvent les feuilles ; les esprits transportent l’enfant. Raza accélère, flotte, appuie davantage sur ses talons pour garder contact avec le sol.
À sa gauche, une vieille maison. Des balustrades. Des colonnes de marbre. Des fissures ici et là. Dealul crée un passage. La porte d’entrée s’ouvre en grand. Raza s’y jette.
| L’enfant la claqua derrière elle.
Dès cette semaine, sur Instagram, rencontrez, tous les lundis et jeudis, un personnage, sous forme poétique… (je n’en dis pas plus).