writober : les poèmes
deux grains de café au coin de mes lèvres
et entre mes lèvres, un souffle
d’angoisse, j’ai les nerfs tendus –
notre nous, chéri, empeste le soufre
je vois deux souvenirs dans le marc au fond de ma tasse
le tarot des amoureux, corné, entre les pages
du livre qu’on écrivait ensemble
avant que mon moi s’égare entre tes nuages –
qui un jour se sépare s’assemble
la cafetière a gardé la trace
de tes doigts sucrés, clopés
la nuit je frotte notre histoire pour en effacer
les marques, la douleur, et les grains de café
writober s.1 · café · 03/10/24
j’emmure les silences dans des murmures
des instants de vide et de rien entre les pages d’un carnet
corné au coin, parce que chaque instant de vie l’est
je cimente des je t’aime pour les cacher de toi
la peur que tu les avales, puis les recraches
dans les murs, je sais, ils sont en sécurité,
mais il faut que je consolide ma carapace
le crépi, cette nuit, s’est fissuré
je colmate, restaure, repeins
des couches de peinture sur d’autres couches de peinture
pour dissimuler les murmures
et le silence derrière
où il est difficile de voir que j’ai pleuré hier
et croire que j’aimerai demain
il te faudra un maillet, une pioche et des années
pour percer le tout
ou un peu d’aide, je fais un trou,
pour toi, entre deux briques
rouges, toulouse amour de nuit
mes larmes sont une pluie de roses
writober s.2 · murmure · 11/10/24
vous qui aviez si peur de moi, pourquoi ne pas sauter ?
quand l’orage gronde, j’explose,
mes pensées s’enflamment
je crépite dans vos foyers, le souvenir de ma voix cassée
dans vos miroirs, se fissure
sept ans de malheur, on dit,
mais j’ai le cœur déjà en charpie
les pansements s’arrachent trop facilement
et j’en dévoile les cicatrices
marques à l’encre noire que j’artifice pour taire le désespoir
qui sommeille à l’intérieur
sur vos visages, la peur, a la couleur de l’obscurité
dans la chambre, rideaux tirés,
la terreur est mienne
dans mon regard,
puis le vôtre
parce la peur des uns fait la peur des autres
writober s.3 · vous qui aviez si peur de moi, pourquoi · 20/10/24
Je crains le vide, l’espace, les frissons, le froid, sentir mon cœur damier quitter sa carapace lorsque tombent le soir et la lune.
Je crains l’envie, la crainte elle-même, et le désir d’en désirer plus. Impressionner l’impressionnisme de mes impressions et de mes illusions, en moi, et dans tous les autres. Toujours peur des autres, et surtout de toi. De ton sourire, de tes regards chauds sur ma peau, du temps qu’il nous reste.
Je crains l’éruption, car un volcan qui explose est un volcan qui tend à disparaître.
Je crains l’amour qui pourrait naître, et plus encore celui qui ne naîtrait pas. L’absence de mots, de baisers, de nos expressions cachées lorsqu’on se prend dans les bras.
Je crains l’oubli, le risque, la chute. Tomber, trébucher, vaciller sur nos doutes, sur toutes ces pensées qui assiègent notre raison. Est-ce raisonnable de s’aimer lorsqu’on vit toute notre vie avec passion ?
writober s.4 · chute · 28/10/24
Magie dans ses doigts lorsqu’il me murmure son histoire et me propose d’aller danser, ce soir – rompre l’insomnie sous les étoiles.
Magie dans ses mots à voiles qu’il abandonne sur les miens.
Magie dans les frissons qui envahissent ma peau sous ses soupirs au creux de mes reins.
Magie dans sa bouche, sur ses lèvres, quand la couleur de mes rêves porte celle de ses yeux.
Magie dans les mains qui s’entremêlent une fois que le lit simple fait oublier le vide à deux.
Magie dans les heures qui s’enchaînent.
Magie dans la caresse de sa langue contre la mienne.
Magie dans les nouveaux souvenirs qui viennent taire ceux que cueillent mes peines.
Magie dans les cadeaux que l’on déballe lorsqu’il ne s’agit que de nous, là, étendus sous la lune.
Magie dans la douceur de ses boucles brunes exposées contre mes seins.
Magie dans les paillettes qu’on s’acharne à déposer sur nos lendemains.
Magie des draps qui se froissent et se bousculent.
Magie dans les saisons qui perdent la raison, et l’hiver qu’on retarde, car dans la chambre, c’est canicule.
Magie dans l’avalanche des choses qu’on était censé se dire, se partager, mais qu’on a mises de côté, pour plus tard, parce qu’il y en aura forcément un – plus tard.
Magie dans les gouttes de sueur et les gouttes d’eau de nos âmes – sœurs si on en croit les contes.
Magie dans la tendresse qui terrasse la honte.
Magie dans l’attente et dans les sentiments qui résistent aux kilomètres.
Magie dans l’amour qui ne finit pas de naître.
Magie dans le rien qui continue de nouer notre nous.
Magie dans ce monde qui nous estime fous.
Magie dans le fait de s’aimer par la pensée, sans se l’avouer. Un jour, il faudra se le dire. Un jour, il faudra le sourire. Je crois que je t’aime. Sous la toile et sous les soleils, ou la magie même.
writober s.5 · magie · 29/10/24
Poèmes inspirés des grilles Writober Challenge des éditions Amédia.
Poèmes publiés sur Instagram au cours du mois d’octobre 2024. Tous droits réservés. @timotheecueff