chorale de noël

LES SÉRIES DE FIN D'ANNÉECALENDRIER DE L'AVENT ET DE MOTS

13 déc.

Comme chaque année, tout le village s’était réuni sur la place de l’église.
On y comptait tous les visages que l’on croisait, chaque matin, sous la caresse de la première brise. Le mari de la boulangère le nez dans la bouteille, le boucher et son attitude de fringuant célibataire, les deux dames de la boutique à chapeaux toujours main dans la main, Madame Vigne et son tailleur vermeil, la famille Germain avec leurs quatre enfants à la traîne, le vieux vendeur de fromage de chèvre qui avait revêtu son abominable pull en laine du dimanche.
Nul, en dix ans, n’avait eu le courage de lui dire de le jeter ; cela ne l’aurait pas empêché de le porter.

La cinquantaine de personnes fut enfin invitée à s’installer. Chacune disposait de sa place – désignée par l’appartenance à une famille, ou par degré d’importance dans la communauté. Les Germains à l’entrée – par crainte de sortir en vitesse les enfants, et Madame Vigne au premier rang pour témoigner son affection au vin de messe comme à la religion.

« Tout le monde doit pouvoir rentrer », avait promis Monsieur Pont, le maître d’école, et, à l’occasion, le chef de la chorale.

Depuis les coulisses s’élevaient les cris des gamins, sous les regards fatigués des adultes qui imaginaient encore qu’une performance à l’église du Petit Puis les propulserait sur les plus belles scènes mondiales.

On installa les grands derrière – dos droit et tête haute, et les petits devant – épaules repliées et doigts agités. Puis, on commença par Douce Nuit, sous les ronflements de Monsieur Loret, pour terminer par la voix angélique de la petite Justine – un prodige cette gamine.

Lorsque l’église se vida à la tombée du soir, on crut entendre la lune s’agacer de ne pas avoir eu sa place dans le façonnage de la soirée.