roadtrip
Les mitaines et le givre sur le bout des doigts. Les mains sur le volant. La tenue de soirée sur les sièges arrière, protégée des poils de chat dans sa housse en plastique. Arrivée dans six heures, annonce la voix robotique. La playlist de décembre dans les enceintes. Le feu rouge qui ne passe pas au vert. La peur de glisser dans le fossé. L’impatience des retrouvailles au vin chaud. La décision de laisser le GPS en marche bien que tu connaisses le chemin par cœur ; tu la fais chaque année, lorsque les premiers flocons sonnent la veille du réveillon.
Pourtant, il y a toujours cette légère angoisse de ne pas arriver à temps. De s’égarer dans la masse de routes enneigées. De t’arrêter à l’hôtel pour la nuit. Que l’accueil te dise que, malheureusement, il ne reste plus aucune chambre. Que tu te résignes à dormir dans ta voiture, pour repartir dès l’aube.
Dans le coffre, la pile de cadeaux, elle aussi, se fait attendre.
Passées les trois heures de trajet, ton regard se perd sur les plaines enflammées de neige. La brume coulant sur l’horizon blanc.
Tu te mets à chanter pour taire la fatigue. Cesse brièvement pour gueuler sur le GPS qui te pousse à douter, en te demandant de prendre la prochaine à gauche, quand tu sais pertinemment que tu dois continuer tout droit. Tu rages un peu plus lorsqu’il te répète, pendant près de dix minutes, de faire demi-tour, avant de se ranger de ton côté – sans la moindre excuse, tu tiens à noter.
Sous les nuages tombent doucement la nuit. Tu allumes tes phares sur l’air d’O’ Holy Night. Tu pourrais soupirer, témoigner l’agacement qui ronge tes veines, mais un tendre sourire se glisse sur tes lèvres.
Calendrier de l’avent & de mots. N°16.
Thème : roadtrip
293 mots.