©TimothéeCueff

Pas envie de dormir.
Pas envie d’écrire non plus.

La pleine nuit commence à peine, je sais. Mais dans une heure, ça sera pareil.
Pas envie de dormir ; pas envie d’écrire non plus.

C’est sans doute la fatigue. Vous savez, celle qui vous donne le sentiment que fermer les yeux vous demandera un effort bien trop grand, celle qui vous pousse à enchaîner les clopes sans penser à rien d’autre, celle qui vous allonge dans le lit afin de rester là, à fixer le plafond pendant des heures, presque jusqu’à dire : « J’ai pas besoin de me reposer, je suis trop fatigué pour ça. »
Vous voyez de quelle fatigue je parle ?
Donc, pas envie de dormir et pas envie d’écrire non plus.

Pourtant, vous allez me dire que j’écris, là. C’est pas complètement faux ; pas vrai non plus. Ce sont juste des mots alignés autour d’un semblant de ponctuation. Ça coule et ça tape sur les touches du clavier sans franchement réfléchir.
C’est la fatigue, ça : pas envie de dormir, d’écrire, de réfléchir.

Peut-être simplement envie d’être ici : coincé entre deux phrases, entre un point et une majuscule, dans cet espace blanc auquel personne ne fait vraiment attention. Vous êtes plongé.e.s dans autre chose, vous. Dans les sons, dans les caractères, dans la suite (à peine) logique qu’ils construisent.
Moi je suis dans l’espace, dans le vide, dans la respiration illisible. Là où la grande fatigue s’étend sans que vous ne puissiez la capturer.
Dans le pas envie de dormir, d’écrire, de réfléchir, de lire.

Car oui, pas envie de me relire non plus.
Vous me direz, j’ai la nuit pour ça. Mais ce soir, j’ai presque envie de voir déjà le jour se lever.

À la nuit prochaine,
Tim.


Billet n°5
Nuit du 10 au 11 novembre 2020

Derrière cet article se trouve Timothée Cueff, auteur et poète slameur aux envies d’aventures. Depuis 2023, il parcourt la France et l’Europe en quête de poésie, à bord de son van aménagé, irys.

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