Cette nuit, impossible de trouver le sommeil.
Pourtant, la fatigue me pique les yeux et mon dos souffre d’épuisement. Même mes doigts peinent à marteler le clavier (je les fais craquer afin de les décoincer).

Je t’ai promis, hier, de mieux écrire.
Cette nuit, je ne te promets rien, mais laisse-moi essayer.

*

©TimothéeCueff

Dans neuf jours, on entrera en décembre.
Dans huit, je m’offrirai un grand sapin vert aux épines solides.
Dans cinq ou six, j’installerai les premières décorations.
Dans trois, je commencerai à m’impatienter et j’ouvrirai sans doute les cartons pour en évaluer le contenu.
Et demain, je passerai une heure à créer une nouvelle playlist.

Ou les choses se passeront peut-être différemment.
Difficile d’envisager quoique ce soit en ce moment.
Difficile de se dire que l’année s’apprête à se terminer.
Difficile aussi d’imaginer que je ne la fêterai sans doute pas avec toi.

Et puis, quoi fêter en 2020, finalement ?
Personnellement, plusieurs choses ; je pense que pour toi aussi.
Seulement, dans l’effervescence d’annonces bien plus importantes que nous (c’est du moins ce qu’on nous persuade d’intégrer à longueur de journée), on a tendance à perdre le compte et à s’y perdre un peu au passage. On oublie les détails, on avance, on frôle le mois suivant sans avoir vu le dernier s’écouler. Et de jour en jour, on arrive à décembre en se croyant encore en janvier.

L’an dernier, j’ai vécu mes plus belles fêtes de fin d’année : boire, éclater de rire, ouvrir les cadeaux au pied d’un sublime sapin, danser pendant des heures dans une immense clarté, boire encore et profiter – juste s’envelopper dans ces derniers instants.
C’est ce dont j’ai besoin, cette année encore. Je veux me perdre dans l’euphorie, jouer à des parties d’Isaac sur plusieurs insomnies, sortir des slams dans les rues, dériver, me perdre, puis me retrouver. Je veux que l’alcool et la fumée dirigent mes pas et mes pensées. Et plus que tout, je veux me rappeler des mois passés sans en oublier le moindre fragment.

Être conscient.
Être vivant.
Laisser place aux embrassades et aux sentiments.
Sans culpabilité ni faux semblants.

Entre nous ; avec toi.
Sous la lune, whisky et cigarette entre les doigts.
Crier aux loups solitaires de nous rejoindre sous le gui.
Montrer au monde entier que la meute est de sortie.

Bref, j’ai des envies de fête.

Tendrement nocturne,
Tim.


Billet n°15
Nuit du 20 au 21 novembre 2020

Derrière cet article se trouve Timothée Cueff, auteur et poète slameur aux envies d’aventures. Depuis 2023, il parcourt la France et l’Europe en quête de poésie, à bord de son van aménagé, irys.

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