dix jours
Je n’étais pas certain de te retrouver cette nuit – des choses à faire, à regarder et du temps à prendre de côté.
Écouter les bruits et apprécier le silence.
Fermer les yeux et profiter du noir complet.
Capter les vibrations et se sentir exister.
Puis, finalement, un peu plus tard qu’hier, je t’écris.
Afin de conserver l’habitude, de garder le rythme, de ne pas briser la routine.
Mais aussi, et plus simplement, pour te montrer que je pense à toi.
Dans quelques heures, si on en croit le gouvernement, il restera seulement dix jours au calendrier de nos retrouvailles.
Après plus d’un mois, dix jours de patience. Dix jours d’attente. Dix jours de plats solos devant la télé. Dix jours de musiques à fond sur lesquelles danser. Dix jours de cigarettes accumulées dans le cendrier. Dix jours de cent pas. Dix jours d’ennui. Dix jours d’enfermement. Dix jours confinés.
Dix jours d’écriture, aussi.
Et peut-être dix jours avant de t’enlacer.
Déjà, je les compte sur mes dix doigts.
J’essaie de me rappeler tes bras, tes rires, tes mimiques et tes sourires.
Je plonge dans mes souvenirs à la recherche de nos moments avant tout ça.
Parce que, quelque part, j’ai peur de te revoir et réaliser que ce qu’on avait c’est envolé dans les jours qui nous ont séparé.e.s. Je crains avoir perdu la mémoire et notre complicité.
Et plus j’essaie, plus je plonge, plus je fouille, plus je m’enfonce et plus je me dissous dans la mélancolie.
Plus je me dis que dix jours, c’est encore trop long.
Mais à dire vrai, c’est peut-être moi qui redoute que ce soit trop tôt.
À la nuit prochaine,
Tim.
Billet n°25
Nuit du 4 au 5 décembre 2020