sous le gui
Il y a ces moments, tout doux, où tu te sens pleinement exister. Ces moments où une simple petite plante, suspendue au plafond du cellier, réveille tes pensées les plus tendres.
Sans aucun mouvement de tête, tu lèves les yeux, et un sourire, légèrement dissimulé derrière une lèvre mordue, soulève une marée de désirs. En dehors de ton cœur qui tambourine au creux de ta poitrine, c’est le silence, tout autour. Un flot de non-dits qui, à l’inverse de tous les autres, n’a pas besoin d’être révélé.
Dans la pièce d’à côté, le parfum des biscuits de pain d’épice à la cannelle, à peine sortis du four, réchauffe l’atmosphère.
Il y a ce léger malaise lorsque tes yeux s’enfoncent à nouveau dans ceux qui te font face. La peur, peut-être, que le moment ne t’échappe. Que la réalité efface l’illusion de la superstition.
Qui de vous deux réduira la distance ? Quelles paupières se fermeront en premier ? Y aura-t-il une âme qui interrompra cet instant d’innocence pour récupérer une nouvelle bouteille de crémant au cellier ?
C’est presque enfantin de se dire qu’on ne peut s’aimer qu’ainsi. Sous deux branches coupées le matin même, à l’aube des premières rosées.
Vous auriez pu vous trouver sous le thym, ou le bouquet de romarin, suspendus, eux aussi, au plafond. Mais il a fallu que ce soit sous le gui. Une de ces drôles de coïncidences qui n’arrive qu’une fois dans une vie.
Calendrier de l’avent & de mots. N°8.
Thème : sous le gui
238 mots.