un mois sur la route
Le 22 juillet dernier, je prenais la route en direction du sud de la France, à bord de mon van aménagé. Ce 22 août, je célébrais mon premier mois de vanlife.
Et il s’en est passé des choses en quatre semaines.
Les gens que je croise me répètent souvent cette phrase : “Ce n’est pas pour tout le monde.”
Il est évident que chacun·e a ses envies, ses besoins, ses attentes. Certain·e·s d’entre nous sont trop sédentaires pour adopter un rythme nomade.
Mais je crois que beaucoup ne réalisent pas à quel point la “vanlife” se définit uniquement en fonction de ce que l’on veut qu’elle soit.
Créer des jours comme on les rêve
Il ne tient qu’à soi de structurer ses journées.
Sur les réseaux, l’image de la “vanlife” est synonyme de “aucune journée n’est similaire”. Dans un sens, c’est vrai. Mais cela ne signifie absolument pas que le quotidien est dénué d’organisation. Car vivre sur la route impose de se redécouvrir et d’adopter de nouvelles routines — ces petites choses qui jour après jour ne changent pas, dans un monde où aucun ne se ressemble.
Que ce soit le café du matin, la randonnée de début de soirée, ou la dernière clope sous un ciel étoilé, il est essentiel de se forger des habitudes afin de ne pas se perdre dans le mouvement constant du moteur qui gronde.
Vivre à l’extérieur
Vivre en van, ce n’est pas vivre dans 6m2 ; c’est vivre avec un jardin plus grand que celui de l’ancien appartement.
La première semaine, je craignais de sortir, de laisser mes chats vagabonder sur les aires, de m’allonger dehors, le van grand ouvert, et de m’endormir. J’hésitais à cuisiner à l’extérieur, prendre mes aises, étendre mon espace. Pourtant, naturellement, le temps vous pousse à le faire, à saisir cet espace, à en faire votre “chez vous”.
De telle sorte que lorsque ce n’est pas possible, rester à l’intérieur n’est jamais étouffant. Le van devient un véritable cocon de sécurité. Ce lieu vers lequel on se rétracte quand la pluie fait rage ou que les voisin·e·s sont trop bruyant·e·s. Les chats l’ont compris, et j’ai fini par le comprendre, moi aussi.
Sortir, explorer, voir le monde
Une seconde phrase qu’on me sort est : “Vous ne vous sentez pas trop seul ?”
Bon, d’une part, lorsque l’on vit avec trois boules de poils, la solitude est limitée. D’une autre, je ne crains absolument pas le silence. Puis, existe-t-il réellement ? Il y a toujours du bruit : des gens qui s’installent à dix mètres, qui discutent, et les rires qui montent le son de l’enceinte.
Prétendre qu’habiter en van, seul, c’est connaître uniquement la solitude, c’est n’avoir, finalement, jamais vécu. Ou, peut-être, avoir trop peur de le faire. Car le silence fait partie de notre existence. De ce bruit constant qui ronronne à l’intérieur de nous. Même sur les spots les plus calmes, le monde vibre.
Or, chaque jour (ou presque), je m’amuse à l’explorer ce monde. Trouver une randonnée de 6, 7, 10kms et marcher. Il n’y a pas de place à l’ennui ni à la solitude — la vraie, celle qui creuse un trou dans le fond de la poitrine. Car le paysage, constamment, change sous ma fenêtre. Et mes yeux n’ont faim que d’une chose : croquer l’univers et le regarder tourner.
Bouger et s’échapper favorisent la créativité
“Tu es en vacances ?” Une part de moi aimerait répondre “oui”, parce que ce genre de vie y ressemble ; elle a des airs de pause, de respiration, d’instants hors du quotidien.
Pour autant, le travail structure la moitié de chacune de mes journées. Le fait de changer de point de vue, de s’aérer l’esprit et le corps, ça motive. Ma créativité est indissociable de mon activité : plus je bouge, plus je veux me poser derrière mon ordinateur pour écrire.
Puis, ça tombe plutôt bien, car le monde ne manquera jamais de lieux à découvrir.
Apprendre à ralentir et savoir patienter
La patience, ce n’est pas mon fort. Pas du tout, même. Vivre en van, c’est au contraire, ralentir le pas, ne pas se presser — ce lieu que l’on souhaite admirer sera toujours là demain, ou la semaine suivante.
C’est difficile, au début, de ne pas entrer dans un rythme “touristique” où l’on suit un programme, et où l’on cherche à tout voir, tout sentir, tout faire. Difficile de finalement intégrer que c’est son quotidien désormais, et que le temps ne se compte pas en minutes, ou en jours, mais en années.
Une fois compris, on s’accorde de véritables moments de douceur : restons trois jours sur ce spot, au lieu d’une nuit, puisqu’on l’aime tant, ou trop fatigué·e pour rouler une quarantaine de kilomètres ? Partons sur dix. Après tout, si on ne voit pas ce château, ou si on ne fait pas cette rando, on a toute la vie pour les faire. Puis, on reprendrait bien une petite bière ?
L’écoute constante de soi
Dans un précédent article, “Comment survivre à la canicule ?”, je mentionnais l’importance d’entendre ses animaux. Mais la “vanlife” vous apprend à vous écouter vous-même. À constamment être en dialogue avec soi et son corps : la fatigue qui vient au lendemain d’une grosse journée de conduite, la crainte de prendre la route lors d’une puissante averse, l’envie de se poser davantage, ou le besoin de faire une sieste.
L’écoute de soi devrait, bien entendu, ne pas être simplement liée à la vie nomade. Pourtant, lorsque je résidais en maison, elle était absente. Désormais, c’est une discussion dont je ne me sépare plus.
Des habitudes, sans doute, en adopterai-je de nouvelles au cours des prochains mois. Après tout, ma vie sur la route commence tout juste. Une chose est sûre : j’ai si hâte, déjà, de découvrir ce que j’aurais à vous écrire dans six mois, un an, ou deux.
Sans oublier, bien sûr, de prendre le temps.