Cette nuit ressemble à toutes les autres. Comme mes journées.

Mais j’ai l’impression d’avoir tout dit, tout parcouru, tout photographié.

Cette nuit, je vois le temps s’effriter.

Des fourmis s’agitent dans mes doigts.

Les feuilles prennent des années à tomber.
Les jours, une éternité à passer.

Écouter les bruits et apprécier le silence.
Fermer les yeux et profiter du noir complet.
Capter les vibrations et se sentir exister.

Cette nuit, la pluie glisse sur les vitres abimées de la véranda. Le vent souffle, aussi.

Désormais, la robe gueule de bois est au sol et, sur mon corps, restent les marques de son tissu velours.

La gueule de bois me colle au teint.

Enfin, le sentiment d’exister, et être plein.

Cette nuit, je te retrouve.

Une nuit d’hiver sur laquelle l’insomnie réveille l’énergie.

Les mêmes heures d’insomnie ; l’attente du matin.

Vin, vivant, naturellement sympathique. Un bon copain quoi. On se tape de sacrées barres avec celui-là.

Imagine un instant que tes souvenirs soient des couches de peinture.

Ce qui me manque : le son des moteurs de voitures une fois la nuit tombée, la douceur des températures du sud, dire « chocolatine » à la boulangerie…

Entre nous ; avec toi.
Sous la lune, whisky et cigarette entre les doigts.

Le froid chatouille le bout de mes pieds nus.
L’écriture, elle, réchauffe.

Imaginer tes lèvres, un peu, aujourd’hui.

Quoi de nouveau, ce mois-ci, quand vient la lune ?